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S'il a permis au funana de se faire connaître, il serait erroné de croire que Bulimundo n'est "qu'un" groupe de funana. En réalité, son leader charismatique, Carlos Martins, dit Katchas s'est intéressé à toutes les musiques ou traditions musicales du monde rural de l'île de Santiago, à savoir le funana, le batuque ainsi que la tabanka. Et le groupe a aussi enregistré des mornas et des coladeiras, et Katchas en composait au sein de Broda, sa première formation. Par ailleurs sous l'effet d'influences internationales (Carlos Santana pourrait figurer en première place), Katchas a effectué un véritable mélange des genres qui a assuré le succès de Bulimundo dans les années 80, plus précisément à partir de sa mémorable participation au festival Praia-80. Pour la première fois, grâce à lui, et parallèlement aux recherches d'autres artistes comme Noberto Tavares ou Chema Lopi, les capverdiens découvraient le funana joué avec des instruments amplifiés: guitares électriques, basse, boite à rythme, etc. Jusque-là, on connaissait vaguement le funana pour être une musique de paysans jouée avec un accordéon, le rythme binaire étant obtenu par le raclement primaire d'un couteau sur une barre de fer. Pas vraiment de quoi s'assurer un gros succès: le vieux garde forestier Kodé di Dona composait et interprétait des chansons à jouer dans les bals, il était parfois invité à l'autre bout de l'île de Santiago, mais pas de quoi espérer devenir une star. Le funana était bel et bien condamné à mourir peu à peu, mince mince mince. Katchas et Bulimundo arrivèrent à temps. Les compositions et les interprétations originales ont conquis la jeunesse de Praia, et celle de tout le Cap-Vert à plus long terme. Mieux, le funana et le batuque ont été hissés au rang de musiques nationales, remettant presque en cause l'hégémonie de la morna quasi-aristocratique et de la coladeira de São Vicente. Avec Bulimundo, le Cap-Vert s'inventait une musique collant à ses premières années d'indépendance. Quelques années plus tard, quelqu'un s'aventurera à dire que Katchas a fait pour le funana capverdien ce que Bob Marley avait fait pour le reggae jamaïcain. Après un gros succès dans l'archipel, et malgré le charisme de Katchas, Bulimundo fut destabilisé par le départ du chanteur Zeca di Nha Reinalda, qui créera plus tard Finaçon, nouveau groupe moins innovant mais qui sut, lui aussi, séduire la jeunesse capverdienne. Mais c'est un accident de voiture et la disparition violente de Katchas, le 29 de mars 1988, qui signèrent véritablement l'arrêt de mort cérébrale de Bulimundo. En 2006, le groupe s'est reformé à l'occasion de festivals; l'intention était bonne, rien de plus. Read more on Last.fm. User-contributed text is available under the Creative Commons By-SA License; additional terms may apply.